Volontourisme, frein ou propulseur de solidarité internationale?

Volontourisme, frein ou propulseur de solidarité internationale?
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Comme le dit si bien l’Organisation des Nations unies, le bénévolat est un véhicule important  pour atteindre les objectifs de développement durable que la communauté mondiale a ciblé pour 2030. Le bénévolat améliore le développement, ici comme ailleurs, car il nourrit le besoin sociétal d’améliorer la condition humaine. Un type de bénévolat existe précisément pour combler à la fois le « volontariat » et le « tourisme » à des fins de développement. Il s’agit du volontourisme. Le volontourisme est une activité attirant de nombreux Occidentaux ayant à la fois un désir de voyager et une envie de faire du bénévolat dans les pays en voie de développement. Le bénévolat devient en quelque sorte une activité touristique ou bien une activité planifiée entre quelques aventures touristiques. Le volontourisme est un sujet qui demeure d’actualité depuis plusieurs années.

Le volontourisme, toujours discuté

Lors du One Young World Summit à Londres se déroulant en Octobre 2019, l’auteure de la série populaire Harry Potter, J.K Rowling, a découragé le bénévolat dans les orphelinats à l’étranger. En effet, depuis plus de quarante ans, le Cambodge témoigne un nombre grandissant de faux orphelinats (en anglais seulement) afin de combler la demande du volontourisme. Plusieurs réseaux sans scrépules profitent d’individus voyageant dans le pays pour promouvoir les orphelinats et en faire profit. Pour contrer ce défi, J.K Rowling a initié la campagne #HelpingNotHelping, #aiderànepasaider en français (traduction libre), au sein de son organisation, Lumos, qu’elle avait cofondée en 2005. Sa campagne est soutenue par le gouvernement de la Grande-Bretagne, qui a publié un guide de voyage regroupant de l’information en matière de bénévolat à l’étranger. Dans ce guide, on dirige les jeunes vers quelques organisations fiables, encourage la recherche et pointe les lecteurs et lectrices vers le International Volunteer Cooperation Organizations (IVCO).  Ces ressources existent pour partager des outils et de l’information pour normaliser le bénévolat au service du développement et d’éviter l’accentuation de certains effets pervers du volontourisme. Le document cadre de l’IVCO de 2019 intitulé « L’élaboration de la norme pour le volontariat au service de développement » est l’une de ses ressources pertinentes démontrant que le bénévolat à l’étranger n’est pas toujours mauvais.

Pourquoi le volontourisme est-il si critiqué?

La sensibilisation internationale et la curiosité humaine attirent de nombreux jeunes ayant un intérêt particulier pour le développement international. Pour ce faire, les expériences se varient de la construction d’un puit d’eau ou d’une école, passant par l’enseignement de l’anglais, jusqu’à l’intervention médicale.

Même si le voyageur est généralement bien intentionné, le volontourisme pose souvent problème. Ces types d’expériences aboutissent à de nombreuses critiques autour des enjeux principaux tels que le coût élevé de cette activité, la sous-estimation des capacités des organismes locaux, la connaissance minime du contexte social, économique et politique de la communauté, et la rotation rapide de bénévoles peu équipés et informés.

Les dépenses liées au billet d’avion, l’assurance de voyage, les formations et les logistiques que le bénévole doit habituellement payer de ses propres poches, démontrent à quel point celui-ci est en situation de privilège comparativement aux individus de la communauté ciblée. Certaines critiques soulignent que ces dépenses pourraient plutôt être utilisées par des organismes locaux ayant une meilleure compréhension des besoins de la communauté.

L’Internet est bombardé d’articles, de blogues et de littératures épluchant la complexité du volontourisme.  Plusieurs documentaires et vidéos Youtube abordent le sujet. C’est le cas du documentaire « Volunteers Unleashed » (en anglais seulement) qui tente d’informer le public des conséquences du volontourisme. Ce documentaire de CBC peut d’ailleurs nous démontrer que le bénévolat à l’étranger peut se différencier du volontourisme si les critères du placement font preuve d’une plus grande rigueur.

Quelles sont les solutions potentielles?

Que l’opportunité de bénévolat soit au Canada ou ailleurs, il est important d’organiser une bonne expérience de bénévolat pour TOUS les partis impliqués. Pour atteindre les objectifs du bénévole, de l’organisation et des bénéficiaires, il est important que le bénévole interagissant avec la communauté ciblée a) soit outillé de compétences adéquates, b) soit bien informé et c) ait suivi une formation avant son placement. En retour, les organisations ont la responsabilité de comprendre les besoins de la communauté et de supporter les capacités d’action de cette dernière.

La Roue de la valeur du bénévolat est un excellent outil – autant pour le bénévolat local qu’international. On y observe l’importance de renforcir la confiance, la compétence, les liens et la collectivité. En effet, le bénévolat à l’étranger devrait s’orienter vers ces quatre points pour développer une relation bidirectionnelle : une relation de laquelle le bénévole et la communauté tirent profits.

Le bénévolat axé sur les compétences et le renforcement des capacités s’offrent tous deux comme une partie de la solution. Le bénévolat axé sur les compétences s’assure que les bénévoles accomplissent des tâches qui répondent à leur champ d’expertise et qui permettent à l’organisme de renforcir la confiance qu’elle a avec la communauté. Conjointement, le renforcement des capacités – stratégie permettant à une organisation de remplir sa mission de manière efficace – est une méthode qui devrait être encouragée régulièrement. En analysant les ressources dont dispose l’organisation, elle pourrait plus facilement adresser ses lacunes pour exceller dans sa collaboration avec la communauté. La transparence et la collaboration peuvent toujours être améliorées – peu importe l’envergure et les ressources de l’organisation locale, régionale, nationale ou internationale.

Pour conclure…

Pour le bénévole, la solution est simple; il faut s’informer et questionner. Dans l’article Quel est l’impact des séjours de solidarité internationale, publié par Le Devoir, Katina Binette, chargée de programme à l’Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI), suggère une série de questions afin de choisir une organisation avec qui se jumeler.

Le portrait du volontourisme que peint ce blogue n’a pas l’objectif de décourager la poursuite d’une expérience de bénévolat à l’étranger, mais plutôt d’encourager la réflexion. Que le volontourisme soit bon ou mauvais, il influence le dynamisme entre les organisations et les communautés bénéficiaires à l’étranger. C’est pourquoi le bénévole doit se poser des questions, car, lui aussi, comme les organisations et les gouvernements, a une responsabilité en matière de solidarité internationale pour atteindre un avenir durable.  

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