Le grand débat : « Est-il temps de mettre fin au bénévolat collectif d’entreprise? »

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Le bénévolat collectif ou de groupe est une composante centrale de la plupart des programmes de bénévolat appuyé par l’employeur, surtout avant la pandémie.  Des groupes de cinq, dix, cinquante, voire 100 employés ou plus sont déployés en personne, habituellement pour une journée complète ou une partie de la journée, afin de répondre à un besoin particulier défini par un organisme communautaire.  Les activités les plus populaires incluent la plantation d’arbres, le jardinage, la peinture et le nettoyage; le tri et l’organisation de nourriture ou de vêtements; le mentorat de jeunes ou de nouveaux arrivants; ou encore la participation à un événement communautaire de grande envergure.  Bien que certaines de ces activités – surtout les activités extérieures et virtuelles – aient pu se poursuivre pendant la pandémie, les besoins des organismes communautaires ont changé.  Les préoccupations et les règles en matière de santé et de sécurité sont contraignantes et variables.  C’est pourquoi de nombreuses activités de bénévolat collectif d’entreprise traditionnelles sont devenues prohibitives.

Plusieurs ont l’impression d’être figés quelque part entre « l’avant-pandémie » et « l’après-pandémie ».  Lors du rassemblement de juin du Conseil sur l’engagement communautaire des entreprises (CECE) de Bénévoles Canada, divers représentants d’entreprises et d’organismes communautaires ont tenté de répondre à la question suivante : « Est-il temps de mettre fin au bénévolat collectif d’entreprise? ».  Comme dans le cadre d’un véritable débat, les entreprises et les organismes sans but lucratif étaient équitablement représentés, les arguments avaient été assidument préparés, et de petits traits d’esprit humoristiques se sont glissés dans les propos tenus.  Grâce à un travail acharné et au caractère unique des perspectives présentées, les résultats étaient des plus révélateurs et ont indiqué la voie à suivre pour créer des programmes de bénévolat mutuellement avantageux, transformateurs et significatifs.

Les événements de bénévolat de groupe permettent de sensibiliser les gens aux enjeux communautaires, de mettre sur pied des équipes d’employés efficaces et d’inciter les gens à devenir des bénévoles à long terme.

Pour : La COVID-19 a changé les organismes sans but lucratif et les contacts en personne sont plus précieux que jamais.  Les événements de bénévolat de groupe donnent l’occasion aux organismes de renseigner les employés sur divers enjeux communautaires et sur leur mission.  Ainsi, ils pourraient réussir à inciter certains d’entre eux à devenir des ambassadeurs du changement tout au long de leur vie.  Le bénévolat collectif permet de sensibiliser la population, d’amplifier les voix, de former des équipes d’employés hautement efficaces et de développer des bénévoles à long terme.

Contre :  Il faut tenir compte de certains points clés.  Les enjeux et les besoins ont-ils été identifiés par la collectivité comme telle?  Le bénévolat de groupe renforce-t-il les capacités de l’organisme sans but lucratif?  Les organismes de plus petite taille peuvent-ils se permettre de refuser un événement de bénévolat collectif ou se sentent-ils capables de le faire?  Quelle dynamique de pouvoir potentielle est à l’œuvre?  Aucune preuve suffisante n’indique que ces événements donnent lieu à des engagements bénévoles à long terme.  Il est temps de repenser et de recadrer le secteur pour l’avenir, de dire adieu à l’engagement ponctuel et d’accueillir à bras ouverts les formes d’engagement qui ont une véritable incidence durable.

Le bénévolat de groupe peut donner lieu à des collaborations plus étroites entre les entreprises et les organismes sans but lucratif.

Pour : Diverses recherches du secteur privé montrent que les employés souhaitent et s’attendent à ce que leur chef de la direction et leur entreprise abordent des enjeux sociaux.  Ainsi, le travail accompli dans le cadre du bénévolat de groupe est essentiel pour répondre à ces attentes et contribue au renforcement des capacités des partenaires sans but lucratif grâce à des activités sur le terrain et à des projets de bénévolat spécialisé.

Pourquoi une collaboration étroite est-elle si indispensable? Imagine Canada signale qu’un nombre considérable d’œuvres de bienfaisance ont enregistré une augmentation de la demande pour leurs services, mais ils doivent y répondre avec moins d’employés (31 % de moins qu’avant la pandémie), de bénévoles (60 % ont indiqué un déclin de ce nombre à un moment ou un autre pendant la pandémie ) et d’heures contribuées (baisse de 58 %).  Le sondage de Bénévoles Canada intitulé Optique du bénévolat en temps de pandémie appuie ces conclusions.  Le bénévolat de groupe est un vecteur de collaboration étroite.  Il s’agit d’une composante essentielle qui aide les organismes à se reconstruire en mieux.

Contre : Contrairement à la croyance populaire, le bénévolat de groupe peut comporter plusieurs défis, mettre de la pression sur les ressources, constituer un fardeau financier, et représenter une dynamique de pouvoir inéquitable entre les entreprises et les organismes sans but lucratif.  Lorsque des groupes d’employés font du bénévolat ponctuel dans le cadre d’événements uniques, l’accent n’est mis que sur l’incidence maximale de la stratégie d’engagement communautaire de l’entreprise.  Selon le Harvard Business Review, pour plusieurs entreprises, le bénévolat de groupe est une question de chiffres dont l’objectif principal se rapporte aux mesures internes de l’entreprise.  Malgré les meilleures intentions des participants, les besoins des organismes sont en réalité secondaires.

Volunteer Toronto a révélé que les gestionnaires de bénévoles ont de la difficulté à trouver le temps d’investir dans des projets de bénévolat de groupe.  De plus, trouver du temps pour entretenir des relations à long terme et approfondir les collaborations avec les entreprises constitue un fardeau supplémentaire.  Les collaborations étroites exigent du temps, des ressources et une vision commune.

Le bénévolat de groupe est aussi avantageux pour les organismes sans but lucratif que pour les programmes d’engagement des entreprises et les collectivités.

Pour : Le bénévolat de groupe peut se révéler avantageux pour tous les intervenants, car il donne l’occasion unique aux entreprises de collaborer avec des organismes sans but lucratif dans l’objectif de trouver des solutions à incidence sociale et d’investir dans celles-ci.  Dans un tel cas, les entreprises fournissent le savoir-faire nécessaire pour mener à bien des projets déterminants pour la durabilité des organismes.

Contre : On ne peut nier le fait que les priorités ne sont pas toujours alignées, ni que la responsabilisation est équitable lorsqu’il est question de changement social.  Un groupe d’employés bénévoles peut s’en tenir à un seul événement d’une journée ou à une campagne de sensibilisation à court terme.  Toutefois, l’organisme sans but lucratif, lui, doit faire face à 364 autres journées de prestation de services.  Les avantages sont donc intrinsèquement inégaux.

Les entreprises et les organismes communautaires travaillent ensemble en vue d’obtenir les meilleurs résultats possible pour toutes les parties.

Pour : Ensemble, grâce à diverses activités telles que la création de trousses, le mentorat, le service de repas, l’approvisionnement de banques alimentaires, le soin d’animaux de refuge, le nettoyage de parcs et la plantation d’arbres, les organismes peuvent renforcer leurs capacités en ayant recours à des bénévoles.  Dans le cas des entreprises, de tels engagements donnent l’occasion d’enregistrer des résultats positifs grâce à une augmentation des ressources humaines et à l’obention de financement supplémentaire, ce qui est favorable pour tous.

Contre :  Intrinsèquement, le terrain de jeu est inéquitable en raison d’un déséquilibre de pouvoir.  La relation entre l’entreprise et l’organisme sans but lucratif risque d’être menacée si l’organisme refuse une activité de bénévolat de groupe qu’il juge au-delà de ses capacités.  Pour obtenir des résultats optimaux, il est nécessaire de concevoir un nouveau modèle selon lequel les besoins de l’organisme sans but lucratif passent en premier, soit avant les objectifs du programme d’engagement communautaire de l’entreprise.

Une nouvelle façon d’aller de l’avant

Tous peuvent s’entendre sur une chose : il nous faut un nouveau modèle qui fonctionne différemment, davantage d’honnêteté et plus de créativité.  Lorsque le bénévolat, l’apprentissage et l’engagement permettent d’aborder des enjeux fondamentaux, cela donne lieu à des relations ouvertes et équilibrées qui assurent l’obtention de résultats positifs pour toutes les parties impliquées.

Nous vivons à une époque de changement.  C’est là une occasion extraordinaire pour les entreprises et les organismes sans but lucratif d’unir leurs efforts afin de trouver de nouvelles façons d’avoir une incidence significative grâce à des collaborations plus étroites et à des partenariats durables.  Le bénévolat de groupe n’est qu’une pièce du casse-tête.  Il peut constituer un excellent point de départ pour les bénévoles qui en sont à leurs premières armes, favoriser l’esprit d’équipe et sensibiliser les employés à divers enjeux communautaires.  En misant sur une co-création novatrice, en mettant l’accent sur le changement structurel et en insistant sur l’incidence à long terme, il est possible de trouver des solutions durables axées sur les bénévoles.

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