Créer un pont entre les générations, créer des mouvements : leçons tirées de l’International Intergenerational Conference

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Du 24 au 27 juin dernier, j’ai passé trois jours en compagnie de centaines de praticien·nes, de chercheur·euses et de militant·es de partout au monde dans le cadre de la conférence intergénérationnelle organisée par Generations United à Louisville au Kentucky, une ville à l’accueil chaleureux. Lors de la conférence, deux choses m’ont frappé : la diversité des programmes novateurs qui étaient présentés et le sentiment palpable d’assister à la réémergence d’un mouvement mondial. La conférence est survenue peu de temps après la plus grosse édition de la Global Intergenerational Week en avril 2025, qui a vu un nombre record de pays participer et célébrer les initiatives intergénérationnelles.

Une communauté de pratique mondiale

Rencontrer des personnes venant des États-Unis, de l’Europe, du Japon et d’ailleurs est venu renforcer l’idée que les liens intergénérationnels ne tiennent pas uniquement à un programme social qui paraît bien; ils sont de plus en plus reconnus comme des infrastructures indispensables pour le bien-être des communautés, et ce, à travers le monde.

La conférence réunissait des voix extraordinaires, notamment de Generations Working Together en Écosse, de l’Australian Institute for Intergenerational Practice (AIIP), du CIRP de l’université de l’État de l’Ohio et des modèles innovants PSIP de l’université Penn State aux États-Unis, et d’organisations novatrices comme CoGenerate.

Aller au-delà des programmes pour créer des mouvements

Matt Kaplan de l’université Penn State nous a offert un des points de vue les plus intéressants de la conférence : vouloir faire plus qu’accroître « l’ampleur de la portée et du champ d’action » pour accroître plutôt « l’ampleur de l’enracinement ». Reproduire des programmes individuels ne suffit plus et, selon lui, il faut transformer notre façon de vivre, de travailler et de bâtir des communautés en accordant une place centrale aux relations intergénérationnelles.

Terry Kaelber de l’organisme United Neighborhood Houses incarne ceci avec son modèle « s’exercer au changement ». Il collabore avec des organismes pour faire de la programmation intergénérationnelle une pratique clé au lieu d’une activité complémentaire. Lorsque les programmes s’inscrivent dans l’ADN de l’organisation, ils créent un changement durable qui persiste malgré les transitions au sein du personnel et les fluctuations en matière de financement.

Le pouvoir des histoires et des données

Perfect Pair et Stoop Stories ont dirigé une séance fort utile et dynamisante sur le pouvoir mobilisateur des histoires. Une collecte et une évaluation rigoureuse de données demeurent impératives, mais les propositions de financement les plus intéressantes et les efforts communautaires les plus efficaces combinent des résultats quantitatifs à des récits authentiques.

La distinction entre une « bonne pratique » et une « pratique judicieuse » faite par l’équipe de l’AIIP m’a particulièrement touché. Nous avons besoin du cœur et de la tête, d’inspiration et de données probantes pour créer des actions intergénérationnelles durables capables de transformer des communautés.

La qualité plutôt que la quantité

Les indicateurs de qualité détaillés de l’organisation Generations Working Together agissent comme une feuille de route vers l’excellence dans ce domaine. Au lieu de simplement compter le nombre de personnes participantes, nous devons mesurer l’intention, les bienfaits mutuels, l’accessibilité, le développement du leadership et l’établissement de relations qui se déploient au-delà des frontières du programme.

La perspective japonaise a apporté une nuance importante sur le fait de passer d’approches centrées sur les familles à une programmation intergénérationnelle ancrée dans la communauté. Ce passage offre la possibilité d’aborder une foule de choses, des communautés accueillantes pour les personnes souffrant de démence aux écosystèmes de transfert de connaissances.

Un domaine qui arrive à maturité

Ce qui me procure la plus grande joie est de voir comment le domaine évolue dans son approche d’évaluation, de développement professionnel et de changement systémique, tout en maintenant son engagement premier, qui est de créer des relations authentiques. Des organismes comme CoGenerate posent des questions cruciales sur la façon de partager le pouvoir et de passer de la diversité de façade à une réelle collaboration entre les générations.

La conférence a montré que plaider en faveur des liens intergénérationnels n’est plus une nouveauté et que nous en sommes plutôt rendus à prouver leur nécessité. En effet, dans un monde confronté à des enjeux sans précédent qui requièrent de la sagesse, de l’innovation et une action collective, il est non seulement bénéfique, mais aussi indispensable de réunir les générations!

Regarder vers l’avenir

Je trouve fascinante cette communauté mondiale qui partage une même vision : des sociétés dans lesquelles chaque personne, peu importe son âge, a la possibilité d’apprendre des autres et de partager ses talents. Les outils, la recherche et les réseaux qui ont été présentés lors de la conférence constituent les fondements pour faire de cette vision une réalité.

Le pouvoir de la narration combiné aux données, la distinction entre une « bonne pratique » et une « pratique judicieuse », ainsi que l’accent mis sur la qualité plutôt que la quantité, ont été des éléments clés à retenir. Bénévoles Canada s’engage à appliquer ces connaissances en intégrant une programmation intergénérationnelle dans ses pratiques clés, et nous le ferons en mettant à profit la tête et le cœur pour créer des initiatives durables, et en insistant sur l’intentionnalité et le bénéfice mutuel. Nous allons continuer de collaborer avec des partenaires mondiaux, de communiquer nos apprentissages et de plaider en faveur du changement systémique qu’il faut pour bâtir des communautés inclusives et résilientes.  

Le mouvement intergénérationnel gagne du terrain. La question n’est plus de savoir si cette approche est efficace, car les preuves sont claires, mais plutôt de déterminer à quelle vitesse nous pouvons en accroître l’ampleur pour créer le changement systémique dont nos communautés ont besoin.

Je vous demande de réfléchir à ceci : Quelles sont les relations intergénérationnelles qui ont influencé votre vie? Comment votre organisation, votre communauté ou votre famille pourrait-elle profiter de liens plus délibérés entre les générations?


Matt Kaplan, de l’université Penn State, et Alison Clyde, de Generations Working Together, sont des leaders de la recherche et de la pratique intergénérationnelles. Merci d’avoir pris le temps de partager vos points de vue avec nous et d’être une source d’inspiration pour la cohorte croissante du mouvement intergénérationnel!.

Ilonka Walker, de Generations United, en compagnie de Lily.

Merci à Generations United pour votre leadership, et félicitions Donna Butts, directrice générale, alors qu’elle quitte son poste après environ 28 années de précieuses contributions.

Des exercices collaboratifs avec Ernest Gonzales, de l’université de New York (NYU), et Lorraine George, de Generations Working Together, lors de l’atelier qui a précédé la conférence et qui portait sur la mesure et l’évaluation dans la pratique intergénérationnelle. Dirigé par Shannon Jarrott, du Centre for Intergenerational Practice de l’université de l’État de l’Ohio, cet atelier était très enrichissant.


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Lily Viggiano

Lily Viggiano est la gestionnaire des initiatives intergénérationnelles chez Bénévoles Canada
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